…PARALYSIE BUDGÉTAIRE.
Washington respire. Après près de trois semaines de blocage, le gouvernement fédéral américain semble enfin proche d’un accord pour mettre fin au Shutdown qui perturbe lourdement le pays. Une crise budgétaire classique, mais aux conséquences inhabituelles, tant les effets de cette paralysie se sont fait sentir dans les rouages sensibles de l’État fédéral.
Tout commence le 1er octobre 2025. Faute d’accord au Congrès sur la loi de finances, l’administration fédérale ferme partiellement ses portes. Des centaines de milliers d’agents sont mis en repos forcé sans solde (« furlough »), et des services entiers tournent au ralenti, voire s’arrêtent : recherche, traitement des passeports, justice, etc.
Ce Shutdown, l’un des plus longs de l’histoire récente, découle de profondes divergences entre Républicains et Démocrates sur les dépenses sociales, l’assurance santé et la fiscalité.
Durant la deuxième semaine, les signaux d’alerte se multiplient. La justice fédérale commence à mettre à pied certains de ses agents. Du jamais-vu depuis des décennies.
Le secteur aérien n’est pas épargné : la FAA (Agence de l’aviation) alerte sur le manque d’effectifs dans le contrôle aérien, provoquant des retards en cascade dans plusieurs aéroports.
Même les institutions stratégiques, comme l’agence de sécurité nucléaire, évoquent des difficultés à maintenir le personnel critique.
Face à la grogne, Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, signe un décret spécial pour garantir le paiement des militaires; un geste politique fort pour garder l’armée opérationnelle malgré la crise.
Sous pression, les discussions s’intensifient au Sénat. Après dix tentatives avortées, une onzième version d’un compromis budgétaire est en préparation. On parle désormais d’un accord “minimaliste”, suffisamment souple pour rallumer la machine fédérale, mais sans résoudre les différends de fond. Il s’agirait de prolonger temporairement les crédits jusqu’à début 2026.
Trump, soucieux de préserver l’image d’un président pragmatique, multiplie les gestes techniques pour maintenir à flot certaines agences-clés. Mais dans les couloirs de Washington, personne n’est dupe : le duel idéologique sur les dépenses publiques reste entier.
Ce Shutdown révèle une vérité : même les grandes puissances démocratiques peuvent être paralysées par des luttes internes. L’incapacité à trouver des compromis nuit à l’image des États-Unis, affaiblit la confiance des marchés, et sape la crédibilité budgétaire du pays.
Pour les pays africains, et notamment ceux qui amorcent une gouvernance plus transparente, cette crise américaine est une leçon de prudence. Elle rappelle que l’architecture budgétaire d’un État est une matière vivante, à rééquilibrer sans cesse. Dans des contextes plus fragiles, une paralysie budgétaire pourrait provoquer bien plus qu’un ralentissement : elle signerait une rupture de l’État avec ses citoyens.