…AFRICAINE
À l’occasion du colloque international commémorant le centenaire de Frantz Fanon, tenu au Musée des Civilisations noires, le Premier ministre sénégalais Ousmane SONKO a prononcé un discours dense et engagé, bien au-delà d’un hommage académique. D’emblée, il a donné le ton : « Nous ne commémorons pas Fanon. Nous le continuons », refusant toute lecture muséifiée de l’œuvre du penseur martiniquais.
Revenant sur la dimension psychiatrique de Fanon, Ousmane SONKO a souligné que le colonialisme fut une pathologie globale, affectant autant les structures sociales que les consciences individuelles. Selon lui, les indépendances politiques n’ont pas suffi à réparer les traumatismes hérités de la domination coloniale. La désaliénation, a-t-il affirmé, doit devenir une véritable politique publique, condition d’une souveraineté effective et durable.
Le Premier ministre a également repris la critique fanonienne des élites postcoloniales, accusées d’avoir confisqué les indépendances en reproduisant les schémas de domination. Cette analyse, a-t-il estimé, éclaire les colères populaires actuelles et la remise en cause croissante des mécanismes néocoloniaux. « L’Afrique n’implore plus l’indépendance, elle exige la souveraineté », a-t-il martelé.
La question monétaire a occupé une place centrale dans son propos, avec une dénonciation du franc CFA, présenté comme un instrument de contrôle économique et symbolique. Pour Ousmane SONKO, aucune dignité économique n’est possible sans souveraineté monétaire. Il a aussi insisté sur le rôle stratégique de la diaspora africaine, qualifiée d’avant-garde de la décolonisation contemporaine.
Enfin, reliant la pensée de Fanon à l’action de son gouvernement, le chef du gouvernement a évoqué la lutte contre la corruption, la transparence et la remise en cause des accords contraignants. En accueillant ce colloque, Dakar s’affirme, selon lui, comme un carrefour des consciences africaines, appelé à poursuivre l’héritage fanonien par des ruptures concrètes, institutionnelles et mentales.