C’est une guerre silencieuse qui se joue chaque nuit, dans le secret des chambres, les yeux rivés à un écran lumineux. Alors que le corps réclame repos, l’esprit, lui, reste captif d’un fil TikTok infini, d’un débat sur X, ou d’une série qui ne veut jamais finir. Le sommeil, jadis sanctuaire inviolable, est aujourd’hui grignoté, perturbé, sacrifié sur l’autel d’un Internet omniprésent.
Selon plusieurs études récentes, le temps de sommeil moyen a chuté de près d’une heure ces deux dernières décennies. Les écrans n’y sont pas étrangers : notifications nocturnes, vidéos autoplay, messageries instantanées ouvertes jusqu’au bout de la nuit… Le cerveau reste en hyperstimulation, incapable de décrocher. Pire : la lumière bleue des smartphones retarde la sécrétion de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Internet repose sur un modèle économique simple : capter notre attention le plus longtemps possible. Et ça fonctionne. Scroll infini, recommandations personnalisées, récompenses virtuelles… Tout est pensé pour nous garder connectés. Résultat : le sommeil devient la variable d’ajustement. On le repousse, on le grignote, on le néglige.
Les conséquences sont sérieuses : fatigue persistante, troubles de l’humeur, difficulté de concentration, burn-out numérique. Les jeunes, particulièrement exposés, dorment en moyenne 1h30 de moins que les générations précédentes. À long terme, le manque de sommeil affaiblit aussi le système immunitaire et augmente les risques cardiovasculaires.
Face à cette situation, des voix s’élèvent. Médecins du sommeil, psychologues, parents, enseignants… Tous appellent à une prise de conscience. Il est temps d’établir une « hygiène numérique nocturne » : éteindre les écrans une heure avant de dormir, activer les modes nuit, limiter les réseaux sociaux après 21h, réapprendre à s’ennuyer, à lire, à décrocher.
Et si le vrai luxe, c’était de bien dormir ?
En conclusion, à l’ère du tout-connecté, dormir pleinement, profondément, sans interruption digitale, devient un acte de résistance. Se déconnecter pour mieux se régénérer, parce qu’au fond, un esprit reposé vaut bien plus que le plaisir d’avoir le don d’ubiquité !