…OU À LA CARTE ?
À six mois de la COP30, l’Union européenne vient de faire un virage discret mais lourd de sens : ses objectifs climatiques pourraient être “ajustés” pays par pays, en fonction des réalités économiques nationales. En clair, ce que certains appellent une « flexibilisation », d’autres y voient déjà un recul.
La Commission européenne justifie ce tournant par la crise énergétique, les répercussions de la guerre en Ukraine, et les tensions sociales dans plusieurs pays membres. “Il ne s’agit pas de reculer, mais de s’adapter aux contraintes de chacun”, assure un haut responsable européen. Concrètement, les États les plus dépendants au charbon, comme la Pologne ou la Bulgarie, auront plus de marge. À l’inverse, les pays nordiques devront accélérer leurs efforts.
Les ONG dénoncent une “trahison climatique” : en modulant les objectifs selon les États, Bruxelles risque de diluer l’engagement collectif. “C’est le début de la fin du Pacte vert”, s’alarme une eurodéputée écologiste. Pour beaucoup, cette mesure serait une réponse aux pressions industrielles et électorales croissantes dans certains pays membres.
Ce changement intervient alors que plusieurs géants européens de l’automobile, de l’énergie et du transport demandent un « moratoire » sur certaines mesures climatiques. Dans un contexte de croissance atone, l’écologie semble de moins en moins compatible avec les urgences économiques.
À l’international, cette flexibilisation pourrait fragiliser la position de l’UE comme leader climatique mondial. “Comment imposer des normes aux autres, quand on commence à les assouplir chez soi ?”, s’interroge un diplomate brésilien.