Présidentielle au Cameroun : Paul BIYA réélu

Présidentielle au Cameroun : Paul BIYA réélu
27/10/25 Moro

Le président sortant Paul BIYA, au pouvoir depuis plus de quarante ans, a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle par le Conseil constitutionnel du Cameroun, avec 53,66 % des suffrages exprimés. À 92 ans, le chef de l’État décroche ainsi un huitième mandat consécutif, consolidant sa position de doyen des dirigeants en exercice à travers le monde.

Son principal adversaire, Issa TCHIROMA BAKARY, arrivé deuxième avec 35,19 % des voix selon les chiffres officiels, rejette catégoriquement ces résultats. Lors d’une conférence de presse tenue à Yaoundé, le leader du Front pour la renaissance du Cameroun (FRC) a affirmé avoir, selon ses propres compilations, « remporté 54,8 % des suffrages ». Il dénonce un scrutin « truqué et verrouillé par le régime », accusant le pouvoir d’avoir manipulé les procès-verbaux et entravé la transparence du dépouillement.

Réuni quinze jours après le scrutin, le Conseil constitutionnel a examiné puis rejeté l’ensemble des recours déposés par l’opposition, estimant qu’aucune preuve tangible ne permettait de remettre en cause la régularité du vote. Les autorités électorales, de leur côté, saluent un processus « transparent et conforme à la loi », tout en reconnaissant quelques « difficultés logistiques » dans certaines zones du pays.

Cependant, plusieurs observateurs nationaux indépendants évoquent des irrégularités dans les régions anglophones et dans le Grand Nord, où des incidents ont perturbé le déroulement du scrutin. Des rapports font état d’intimidations d’électeurs, de coupures d’internet et de retards dans l’ouverture de certains bureaux de vote.

La veille de l’annonce officielle des résultats, des manifestations spontanées ont éclaté dans plusieurs villes du pays, notamment à Douala, Bafoussam et Garoua, à l’appel d’Issa TCHIROMA. Les rassemblements ont dégénéré en affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre, faisant quatre morts et plusieurs blessés, selon des sources hospitalières. Deux responsables de partis alliés à l’opposition, Djeukam TCHAMENI et Anicet EKANE, ont été arrêtés à Douala pour « participation à des troubles à l’ordre public ».

Dans un communiqué, le gouvernement camerounais a condamné ces manifestations qu’il qualifie d’« actes de déstabilisation orchestrés par des forces hostiles à la paix civile ». Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti présidentiel, a pour sa part dénoncé les revendications de victoire de TCHIROMA comme un « canular grotesque destiné à semer la confusion ».

Malgré la contestation, la réélection de Paul BIYA apparaît désormais irréversible, confortant le patriarche du régime camerounais à la tête du pays qu’il dirige depuis 1982. Reste à savoir si ce nouveau mandat parviendra à apaiser les tensions politiques et à répondre aux aspirations d’une jeunesse de plus en plus désabusée face à la longévité du pouvoir.

Moro

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