
L’ancien Premier ministre sénégalais et candidat malheureux à la présidentielle de 2024, Amadou BA, est dans le collimateur de la justice. Selon un journal de la place, qui s’appuie sur un rapport récent de la Cour des comptes, son nom est cité dans une affaire de détournement présumé de fonds publics portant sur plus de 141 milliards de francs CFA. Ces montants proviennent de Dépôts à terme (DAT) qui auraient été “cassés” — c’est-à-dire retirés avant leur échéance — sans être reversés au Trésor public, comme l’exige la réglementation.
À l’époque des faits, Amadou BA occupait les fonctions de ministre de l’Économie et des Finances. La Cour l’accuse d’avoir initié ou autorisé la majorité des opérations visées. Il est mis en cause aux côtés de Cheikh Tidiane DIOP, alors secrétaire général du ministère et ancien directeur général du Trésor.
Deux exemples illustrent les zones d’ombre relevées par les auditeurs. Le premier concerne un DAT de 4,1 milliards FCFA placé à un taux de 3,5 %, qui aurait servi à rembourser un billet à ordre selon la Banque régionale des marchés (BRM), bien que l’opération ne soit pas documentée de manière conforme. Le second, d’un montant de 6,5 milliards FCFA, est lié à un protocole de compensation entre l’État, la Sonatel et la BRM, signé par Amadou BA.
Le rapport indique que plusieurs DAT ont été redirigés vers des tiers sur instruction de responsables ministériels, en dehors des procédures légales prévues par les lois de finances. Ces pratiques constituent, selon la Cour des comptes, un engagement irrégulier de l’État.