
Longtemps tendues, les relations entre le nouveau pouvoir sénégalais et le Fonds monétaire international (FMI) semblent entrer dans une phase de désescalade. En cause : un lourd passif budgétaire laissé par l’ancien régime de Macky SALL, avec une dette publique en grande partie dissimulée et des engagements non déclarés. Ce flou comptable a provoqué un véritable malaise, notamment au sein du FMI, qui se retrouvait dans une position inconfortable après avoir validé certains chiffres.
Dès leur prise de fonction, les nouvelles autorités sénégalaises ont fait savoir qu’il n’était pas question d’engager l’État du Sénégal dans de nouveaux emprunts sans pour autant faire la lumière sur ce qu’ils ont hérité de Macky SALL et de son équipe. Un message clair, qui a gelé temporairement les discussions avec le FMI. L’institution, embarrassée, a reconnu des « failles dans le reporting budgétaire », sans pointer directement Macky SALL, préférant appeler à la continuité de l’État.
Les négociations ont débouché sur un préaccord. Il ne s’agit pas encore d’un programme triennal comme ceux en vigueur jusqu’à récemment, mais d’un dispositif plus souple, adossé à une feuille de route révisée. Pas de nouvelle ligne de crédit immédiate, mais une coopération « à bas bruit », dans l’optique de restaurer la confiance sans contraindre outre mesure les ambitions sociales du nouveau gouvernement.
Sous la pression croissante des autorités sénégalaises et face aux attentes des bailleurs, le FMI a dépêché une mission technique à Dakar en septembre 2025. Résultat : de longues heures de discussions, un ton plus conciliant et une volonté mutuelle d’éviter la rupture. Mais rien n’est encore totalement joué.Car le Sénégal reste sur un fil : une rupture nette avec le FMI compromettrait l’accès à certains financements concessionnels, aggraverait la perception du risque souverain, et rendrait plus coûteux le recours aux marchés internationaux. À l’inverse, se plier à un cadre trop rigide pourrait freiner des politiques sociales attendues par l’opinion, dans un contexte de transition politique.
Un fragile équilibre
Ce réchauffement reste donc fragile. Il ne s’agit ni d’un blanc-seing pour le Sénégal, ni d’un désaveu pour le FMI. Plutôt un entre-deux stratégique, où chacun évite l’escalade. Le Sénégal, lui, semble vouloir profiter de ce répit pour rebâtir sa crédibilité financière… sans renier sa souveraineté.