Hydroélectrique : L’Éthiopie dans la cour des grands

Hydroélectrique : L’Éthiopie dans la cour des grands
14/09/25 Moro

Le 9 septembre 2025, l’Éthiopie a officiellement inauguré le Grand Barrage de la Renaissance (GERD), une infrastructure titanesque sur le Nil Bleu qui incarne à la fois l’ambition énergétique du pays et les tensions géopolitiques régionales. Avec une capacité installée de 5 150 MW, il devient le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique et l’un des plus puissants au monde.

Conçu pour répondre aux besoins énergétiques croissants de l’Éthiopie, le barrage est perçu comme un levier majeur de développement. Le gouvernement éthiopien espère électrifier l’ensemble du pays d’ici 2030, tout en devenant un exportateur net d’électricité vers ses voisins : Soudan, Kenya, Djibouti ou encore l’Érythrée.

Au-delà de l’électricité, le barrage représente un symbole de souveraineté. Financé en grande partie par des ressources internes, il a mobilisé une fierté nationale rare, dans un pays souvent fracturé.

Mais le projet n’a jamais fait l’unanimité à l’échelle régionale. L’Égypte et le Soudan redoutent des impacts négatifs sur le débit du Nil, qui constitue pour eux une ressource vitale. Le Caire, en particulier, craint une réduction de son quota historique d’eau et une remise en question de traités hérités de l’époque coloniale.

Malgré des années de négociations menées sous l’égide de l’Union Africaine, aucun accord tripartite n’a été signé à ce jour. L’inauguration du barrage par l’Éthiopie, sans consensus, est donc perçue par ses voisins comme un acte unilatéral risqué, voire provocateur.

La mise en service du barrage pourrait redéfinir l’équilibre énergétique et diplomatique en Afrique de l’Est. Si l’Éthiopie parvient à démontrer que le barrage peut fonctionner sans nuire à ses voisins, elle gagnera en légitimité régionale. Dans le cas contraire, le risque d’une escalade politique voire militaire, ne peut être totalement écarté.

Le lancement du Grand Barrage de la Renaissance est un événement historique pour l’Afrique. Il place l’Éthiopie sur la carte des puissances hydrauliques, tout en ravivant des tensions anciennes autour du partage des eaux du Nil. Reste à savoir si cette prouesse technique deviendra un outil d’unité régionale ou un nouveau point de friction en Afrique de l’Est.

Moro

Partager sur les réseaux sociaux
S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x