La décision de justice est du ressort du pouvoir judiciaire dont l’indépendance est ô combien indispensable pour garantir la paix et la stabilité dans un Etat de droit. Elle a pour vocation de mettre fin à un conflit entre les membres d’une société. La décision de justice est normalement prise avec rigueur et conformément aux dispositions réglementaires. Elle se veut d’être fondée sur des preuves tangibles et concrètes, jamais sur des suppositions ou des influences politiques.
Le jugement prononcé par un juge impartial et libre est doté de la “force exécutoire”
Dès lors, lorsque des jugements sont fortement contestés et provoquent le déferlement populaire et la violence, on devrait se poser des questions sur le respect des principes fondamentaux qui garantissent l’objectivité de la décision de justice.
Comme disait Victor Hugo, le jugement c’est le relatif, et la justice l’absolu. Le jugement émanant de l’être humain, quel que soit son caractère objectif contient en soit une petite portion d’erreurs du fait de sa provenance humaine qui est par essence imparfaite. Ainsi il n’est pas toujours évident que le jugement soit synonyme de justice. Si notre propre jugement nous plonge dans une moisson de regrets inapaisables et de remords inconsolables, nous devrions remettre en cause notre aptitude à juger…
Le droit est considéré comme un instrument de régulation sociale. En effet, la fonction essentielle de la décision de justice est de trouver une solution aux conflits d’intérêts qui surgissent au sein de la société. Le juge ne doit pas simplement chercher à rendre une décision conforme à la loi mais également et surtout une décision qui privilégie l’intérêt général. Bien au-delà des procédés de démonstration et de calcul, Il doit procéder à un choix non arbitraire fondé sur une argumentation convaincante…
Si la justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est une véritable tyrannie. Les forces de l’ordre se trouvent donc entre le marteau de la décision de justice et l’enclume du verdict populaire. Elles ont pour rôle de garantir la paix et la stabilité sociale en se basant sur la décision de l’autorité administrative inspirée de celle du juge. Ce dernier devrait donc mesurer à sa juste valeur sa décision qui est capable d’anéantir toute une nation.
En principe, si tout se déroule normalement et que les principes de séparation des pouvoirs sont respectés, la décision de justice serait aisément acceptée et facilement exécutée. En effet, nos lois sont votées par le peuple au travers d’un système de représentation. Toutefois, d’un point de vue sociologique, la représentativité n’est pas forcément valable: Ceux qui se réclament représentants du peuple n’agissent pas toujours en conformité avec la volonté de ce dernier en tout lieu et à tout moment. Ils prennent parfois leurs responsabilités individuelles pour décider à la place des groupes qu’ils représentent…
Aristote considère qu’au-delà du droit, la justice relève du principe de l’égal. Le juste désigne l’égalité entre deux personnes dans leur rapport à certaines choses. Or la notion d’égalité n’est pas elle-même toujours évidente.
La décision de justice devrait être en corrélation avec les valeurs humaines qui nous permettent de nous connecter à l’humanité de l’autre et favorisent la pratique de nos valeurs morales qui flanchent dans une situation conflictuelle. Ces valeurs morales constituent les principaux leviers pour la consolidation de la paix qui, comme le disait Spinoza, n’est pas l’absence de guerre mais une vertu, un état d’esprit, une volonté de bienveillance, de confiance et de justice.
Cheikh Salla NDIAYE